Comment évaluer un brevet ?

Comment évaluer un brevet ?

Comment évaluer un brevet ?

Estimation de la valeur de votre brevet : véritable enjeu financier

Évaluer un brevet est un exercice complexe mais indispensable pour transformer un droit juridique en levier économique. Que ce soit pour négocier une licence, lever des fonds, céder un actif ou simplement inscrire sa valeur au bilan, il est crucial de déterminer combien vaut réellement votre titre de propriété industrielle. Une estimation incorrecte peut entraîner des pertes financières majeures ou faire échouer des transactions stratégiques. Pour piloter efficacement la valeur de votre portefeuille PI, découvrez les solutions logicielles de Pi Motion.

Comment évaluer un brevet ?

 

Comment évaluer un brevet : méthodes et enjeux financiers

L’estimation d’un brevet ne se résume pas à un simple calcul comptable. La valeur d’un brevet est contextuelle, volatile et dépendante de multiples facteurs juridiques, techniques et économiques.

 

I – Pourquoi est-il nécessaire d’évaluer un brevet ?

L’évaluation financière d’un brevet intervient à des moments clés de la vie de l’entreprise. Elle permet de transformer un actif immatériel en une valeur monétaire tangible pour diverses opérations :

  • Transactions (cession et licence) :
    C’est le cas d’usage le plus fréquent. Pour vendre un brevet ou concéder une licence, il faut fixer un prix (forfaitaire) ou un taux de redevance (royalties). Une évaluation précise sert de base rationnelle à la négociation.
  • Levée de fonds et financement :
    Les investisseurs (capital-risque) et les banques regardent la valeur du portefeuille de brevets pour évaluer la solidité de l’entreprise. Le brevet peut aussi servir de garantie (nantissement) pour obtenir un prêt bancaire.
  • Apport en société et fusions-acquisitions :
    Lors d’un apport en nature ou d’un rachat d’entreprise, il est nécessaire de valoriser les actifs immatériels pour déterminer la valeur globale de la transaction ou le montant des parts sociales attribuées. Cela inclut également les avis d’équité (fairness opinions) lors de transactions complexes.
  • Contentieux :
    En cas de contrefaçon, l’évaluation sert à calculer le montant des dommages et intérêts pour réparer le préjudice subi.
  • Comptabilité et fiscalité :
    Sous certaines conditions (notamment les normes IFRS), les brevets acquis doivent être inscrits à l’actif du bilan. De plus, une valorisation correcte est nécessaire pour justifier les prix de transfert intra-groupe vis-à-vis de l’administration fiscale.

 

II – L’étape préliminaire : collecte de données et Due diligence

Avant d’appliquer une méthode de calcul, l’analyste doit rassembler des données précises pour justifier ses hypothèses. Selon les standards de l’AICPA, cette étape se divise en deux axes d’analyse, :

  1. L’analyse du propriétaire actuel : Il faut examiner les états financiers historiques et prévisionnels, les coûts de développement et de maintenance (historiques et futurs), ainsi que les contraintes de capacité actuelles. Il est crucial d’identifier les avantages économiques spécifiques du brevet : augmentation des volumes ou des prix, réduction des coûts (COGS, R&D, marketing) ou réduction des risques.
  2. L’analyse de l’opérateur alternatif : Il faut envisager la valeur du brevet pour un tiers. Cela inclut les changements potentiels dans la définition du marché, les opportunités de licences entrantes ou sortantes (inbound/outbound), et l’exploitation du brevet dans des territoires ou canaux de distribution différents.

 

III – Les trois méthodes standardisées d’évaluation d’un brevet

Il n’existe pas de formule magique, mais trois approches standardisées (reconnues notamment par la norme DIN 77100 et l’ISO 10668 pour les marques, applicable par analogie) permettent d’encadrer l’estimation de votre brevet. Pour être rigoureuse, l’évaluation doit souvent croiser ces méthodes.

 

1) Valorisation du brevet par l’étude des coûts (Cost-based method)

Cette méthode permet d’évaluer un brevet en fonction des dépenses engagées pour le créer ou pour le recréer. Elle est particulièrement adaptée aux inventions en cours de développement ou non encore commercialisées. Cette méthode de calcul est plutôt (très) conservatrice et aboutit généralement à une valeur minorante.

 

  • Coûts historiques :
    On additionne les frais de R&D, les frais de dépôt, d’examen et de maintien en vigueur.

 

  • Coût de remplacement à neuf moins dépréciation (RCNLD) : C’est la méthode la plus rigoureuse. Elle ne se contente pas d’additionner les factures passées. Elle estime le coût actuel pour développer un brevet ayant une utilité équivalente.

 

  • Les composantes du coût :
    Au-delà des coûts directs (matériaux, main-d’œuvre) et indirects (frais généraux), l’évaluation doit inclure le profit du développeur (la marge qu’un développeur tiers exigerait) et l’incitation entrepreneuriale (le retour sur investissement requis pour motiver le projet).

 

  • Prise en compte de l’obsolescence :
    La valeur finale doit déduire la dépréciation physique, fonctionnelle et économique du brevet par rapport à un actif neuf.

 

👉 Limite : Cette méthode détermine une valeur « plancher » du brevet. Elle est souvent déconnectée de la réalité économique car un brevet coûteux en R&D peut n’avoir aucune valeur commerciale s’il ne trouve pas de marché. Inversement, elle ne mesure pas le potentiel commercial futur si l’invention rencontre un succès inattendu sur le marché.

 

2) Estimation de la valeur du brevet par le marché (Market-based method)

Elle consiste à comparer le brevet à évaluer avec des transactions réelles similaires réalisées récemment sur le marché (cessions ou licences de technologies comparables). Cette méthode est diamétralement opposée à la précédente car elle se fonde sur des projections commerciales sur la durée d’exploitation potentielle d’un brevet et son « emprise » sur le marché.

On peut identifier deux méthodes distinctes au sein de cette approche :

  • Méthode des transactions comparables non contrôlées (CUT – Comparable uncontrolled transactions) :
    On analyse les taux de redevances ou prix de cession de brevets comparables. Pour être fiable, il faut ajuster ces taux en fonction de critères stricts : âge relatif du brevet, taille du marché, taux de croissance et barrières à l’entrée.

 

  • Méthode de la marge bénéficiaire comparable (CPM – Comparable profit margin) :
    On compare les marges bénéficiaires de l’entreprise titulaire avec celles d’entreprises similaires ne possédant pas ce brevet, pour isoler la valeur générée par la PI.

 

Outils de données : Pour appliquer ces méthodes, l’utilisation de bases de données spécialisées est recommandée, telles que RoyaltySource, ktMINE, ou RoyaltyStat, qui recensent les taux de redevances et accords de licence du marché.

👉 Limite : Cette méthode est difficile à mettre en œuvre car chaque brevet est unique par définition. Trouver une transaction « parfaitement comparable » est rare, nécessitant des ajustements d’experts. De plus, les montants des transactions sont rarement publics, rendant la comparaison complexe faute de données fiables.

 

3) Évaluer un brevet selon les revenus générés (income-based method)

C’est la méthode la plus utilisée et la plus pertinente pour les investisseurs : elle se situe généralement entre les deux méthodes précédentes, apparaissant comme la plus raisonnable et la plus rationnelle. Elle consiste à déterminer quelle aurait été la richesse générée par une licence concédée sur l’actif. Particulièrement pour les brevets générant déjà des flux de trésorerie. Elle vise à déterminer la valeur actuelle des bénéfices futurs que le brevet va générer.

  • Mesures de revenu :
    L’analyste peut se baser sur le revenu incrémental (la différence de revenus avec et sans le brevet) ou le revenu résiduel (les bénéfices restants après rémunération des autres actifs de l’entreprise).

 

  • Méthodes de capitalisation :
    • Capitalisation du rendement (yield capitalization) :
      Utilisée pour des flux de revenus variables sur une période finie (ex: durée de vie restante du brevet).
    • Capitalisation directe (direct capitalization) :
      Utilisée si l’on projette un taux de croissance constant des revenus sur une longue période.

 

  • Taux d’actualisation :
    Il est critique que le taux d’actualisation ou de capitalisation choisi corresponde précisément à la mesure de revenu utilisée et au niveau de risque du brevet.

 

  • Flux de trésorerie actualisés (DCF) : On projette les revenus futurs attribuables au brevet sur sa durée de vie restante, auxquels on applique un taux d’actualisation pour tenir compte du risque et du temps.

 

  • La méthode des redevances (Relief from royalty) : On estime les redevances que l’entreprise économise en étant propriétaire du brevet (au lieu de devoir payer une licence à un tiers).

 

IV – La synthèse de l’évaluation du brevet (Reconciliation)

Une fois les différentes méthodes appliquées, l’analyste ne doit pas simplement faire une moyenne. Il doit procéder à une synthèse de valorisation (Valuation Synthesis).

Le choix de la valeur finale dépend de plusieurs critères de pondération :

  1. La qualité et la quantité des données disponibles pour chaque méthode.
  2. La pertinence de la méthode par rapport au cycle de vie du brevet (exemple : l’approche par les coûts est plus pertinente pour un brevet embryonnaire, l’approche par les revenus pour un brevet mature).
  3. Le degré de variation entre les différentes indications de valeur obtenues.

 

V – Valorisation du brevet : les facteurs qualitatifs essentiels

Au-delà des chiffres, la valorisation d’un brevet dépend de sa qualité intrinsèque. Une évaluation financière du brevet (quantitative) doit toujours être couplée à une évaluation qualitative (scoring).

Quatre critères principaux sont à considérer :
La solidité juridique
La portée des revendications
La dépendance technologique
L’estimation du brevet par rapport à son marché

 

1) La solidité juridique :

Le brevet est-il valide ?
A-t-il résisté à des procédures d’opposition ?
La qualité de la rédaction et l’étendue de la protection territoriale sont déterminantes.

 

2) La portée des revendications :

Des revendications larges sont plus difficiles à contourner par les concurrents, augmentant la valorisation du brevet.

 

3) Évaluer la dépendance technologique du brevet :

Le brevet est-il autonome ou dépend-il d’autres brevets (liberté d’exploitation) ?
Est-il essentiel à une norme (brevet standard essentiel) ?

 

4) L’estimation du brevet par rapport à son marché :

La taille du marché visé, la présence de produits de substitution et la capacité du brevet à bloquer les concurrents ou à générer des revenus de licence sont autant de facteurs clés à prendre en considération dans le cadre de la valorisation financière de votre brevet.

 

VI – Estimation de brevet : l’apport des solutions logicielles PI Motion

L’évaluation manuelle d’un brevet est fastidieuse et sujette à l’erreur humaine. L’utilisation d’outils spécialisés devient incontournable pour gérer ces paramètres complexes.

Les solutions de Pi Motion facilitent cette démarche critique :

  • Centralisation des coûts : Le logiciel PI Planner permet de suivre précisément les coûts historiques (dépôts, annuités, honoraires) associés à chaque famille de brevets, fournissant une base fiable pour l’approche par les coûts.
  • Analyse qualitative : Grâce à des indicateurs de performance intégrés, vous pouvez évaluer la force de votre portefeuille (couverture géographique, état des procédures, citations).
  • Suivi des contrats : La gestion des contrats de licence dans l’outil aide à suivre les redevances perçues, alimentant ainsi les données nécessaires pour l’approche par les revenus.

En structurant vos données, vous transformez une obligation administrative en un outil d’aide à la décision stratégique pour valoriser vos actifs et votre portefeuille PI.

 

VII – En résumé, l’estimation de la valeur du brevet dépend de plusieurs facteurs

Évaluer un brevet nécessite de croiser des approches financières rigoureuses (coûts, marché, revenus) avec une analyse qualitative rigoureuse (juridique, technique, commerciale) et une collecte de données (due diligence) approfondie. La valorisation d’un brevet n’est jamais figée : elle évolue selon le stade de développement de la technologie et le contexte du marché.

Pour ne pas naviguer à l’aveugle, il est impératif d’utiliser des outils logiciels PI performants qui centralisent les données financières et juridiques de vos titres.

Vous voulez en savoir plus ?

Passez à l’action.

Pour optimiser la gestion et la valorisation de votre portefeuille de brevets :
👉 contactez les experts de Pi Motion.

 

 

FAQ Brevets

 

FAQ  : Comment évaluer un brevet ?

Quelle est la différence entre le coût et la valeur d’un brevet ?

Le coût correspond aux dépenses engagées (historiques ou de remplacement) pour obtenir et maintenir le brevet (frais de R&D, taxes, honoraires). La valeur correspond aux bénéfices économiques futurs que le brevet peut générer (revenus de licence, avantage concurrentiel, prix de vente). Un brevet peut coûter cher en R&D mais avoir une valeur nulle s’il n’a pas de marché, et inversement.

 

Qu’est-ce que le coût de remplacement à neuf moins dépréciation (RCNLD) ?

C’est une méthode d’évaluation qui estime le coût actuel pour recréer un brevet de même utilité, en incluant non seulement les coûts directs, mais aussi le profit du développeur et l’incitation entrepreneuriale, tout en déduisant l’obsolescence technique et économique.

 

Quelles bases de données utiliser pour l’approche par le marché ?

Pour appliquer la méthode des transactions comparables (CUT), les experts utilisent des bases de données spécialisées comme RoyaltySource, ktMINE ou RoyaltyStat qui recensent les taux de redevances et les accords de licence du secteur.

 

Peut-on évaluer un brevet seul ou doit-on évaluer le portefeuille ?

Il est souvent plus pertinent d’évaluer un portefeuille ou une « grappe » de brevets. La valeur d’un ensemble de brevets protégeant une même technologie est souvent supérieure à la somme des valeurs individuelles, car cela crée une barrière plus difficile à contourner pour les concurrents.

 

Pourquoi la durée de vie résiduelle d’un brevet  est-elle importante pour l’évaluation ?

La valeur d’un brevet réside dans les revenus futurs qu’il peut générer. Un brevet proche de son expiration (20 ans maximum) ou d’une obsolescence technologique aura une valeur plus faible, car la période durant laquelle il générera des flux financiers est réduite.

 

Qu’est-ce que la méthode des « redevances économisées » ?

C’est une méthode d’évaluation qui consiste à estimer les royalties que l’entreprise aurait dû payer à un tiers si elle n’était pas propriétaire du brevet et devait l’exploiter sous licence. Cette économie théorique est considérée comme la valeur du brevet.

 

Un brevet non exploité a-t-il de la valeur ?

Oui, il peut avoir une valeur stratégique. Il peut servir à bloquer des concurrents (« brevet de barrage »), à dissuader des procès en contrefaçon, ou être valorisé plus tard via une cession ou une licence si le marché évolue. Cependant, un brevet dormant coûteux sans perspective d’utilisation peut aussi être un passif à abandonner.

 

Qu’est-ce qu’analyser un brevet ?

L’analyse des brevets se fonde sur les informations relatives aux brevets pour apporter des éclairages et faire ressortir de grandes tendances en matière d’innovation dans un domaine ou un secteur technologique donné.